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« Circulez, nous ne voyons rien ! »

vendredi 7 février 2025
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Quand les entreprises qui déclarent nous défendre contre les abus des multinationales font exactement le contraire, charge à nous de faire les choix qui s'imposent.

Alors que les grandes entreprises de la tech américaines multiplient les abus contre nous tous, d'autres entreprises européennes ont fait le choix de fermer les yeux, et de prétendre que tout se passe bien. Proton, et en particulier son patron, l'ont parfaitement bien démontré en prêtant allégeance au parti républicain. Dont acte.

Quand, juste avant l'investiture de Trump, les plus grandes entreprises américaines ont décidé d'immédiatement se soumettre en implémentant de leur plein gré la répression Trumpienne sur les minorités ethniques et sexuelles, dans leurs propres rangs, je n'ai pas été surpris. J'ai été déçu, certes, mais pas surpris. Nous sommes tous parfaitement au courant que ces grandes entreprises ont leur propre vision de l'éthique et que l'appât du profit sera à jamais plus fort que tout le reste.

Je fus en revanche beaucoup plus surpris quand Spotify a envoyé 150 000 dollars à Trump pour son investiture. Bon, certes, Spotify n'est pas l'entreprise la plus éthique de l'année non plus. On sait qu'elle est parmi les plateformes de streaming qui rémunèrent les artistes le moins bien. Mais je ne m'attendais pas à ce qu'un patron suédois prête si facilement allégeance à un futur dictateur américain.

Mais bon, je m'en suis remis. Et puis est arrivé Proton.

Le cas Proton est celui qui m'a le plus choqué. Le 4 décembre dernier, sur Twitter, son patron Andy Yen, cite Trump en expliquant que « 10 ans auparavant, les républicains étaient le parti des grandes entreprises et les démocrates défendaient les petits gars, mais aujourd'hui la roue a tourné. »

Puis peu de temps après, le compte officiel de Proton sur Reddit surenchérit en affirmant que « jusqu'à ce que les démocrates corporatistes soient mis à la porte, la réalité est que les républicains restent plus enclins à s'attaquer aux abus des grandes entreprises technologiques ».

Tiens donc.

Les "abus des grandes entreprises technologiques" dont on parle, ceux contre lesquels il faut lutter, n'incluraient pas le fait d'encourager la propagation de la désinformation ? Elles n'incluraient pas la modération systématiquement défaillante, ni le fait d'autoriser les insultes contre les personnes LGBTQ ?

Vraiment ?

Je pense que la lutte contre les abus des grandes entreprises, ce n'est pas juste chiffrer des communications et faire des jolis visuels sur LinkedIn pour expliquer que Microsoft et Google sont des grands méchants loups. C'est offrir des connaissances et des moyens aux personnes marginalisées pour qu'elles échappent à la répression, aux militants de communiquer de manière sécurisée, aux lanceurs d'alertes de rester en sécurité, à vous et moi d'échapper à la surveillance étatique !

Le chiffrement n'est pas une lubie de geeks, c'est un outil essentiel à notre survie dans un monde où de riches hommes blancs sont déterminés à nous effacer.

Quand une entreprise oublie à qui s'adresse sa mission, elle n'est plus digne de notre confiance.

Réactions

Références

  1. Stéphane le calme, "Proton Mail affirme sa neutralité politique tout en faisant l'éloge du parti républicain", Développez.com, 2025-01-29
  2. Loïs Siggen Lopez, "Selon le CEO de Proton, les firmes technologiques suisses peuvent être "prudemment optimistes" avec Trump", RTS, 2024-11-11
  3. Samantha Cole, "Workers at NASA Told to ‘Drop Everything’ to Scrub Mentions of Indigenous People, Women from Its Websites", 404media, 2025-02-04
  4. Margot Sanhes, "Aux Etats-Unis, 8 000 pages internet publiques supprimées au nom de la croisade idéologique de Donald Trump", Libération, 2025-02-03

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